Cerise galactique

Cerise galactique

Épisode 4

Épisode 4

 

            - Amy, je suis désolée, mais tu dois aller chez une Silhouette.

            Clara poussa un cri horrifié.

            - Une Silhouette ? C'est quoi ?

            - Les Silhouettes sont les serviteurs les plus fidèles de l'Ombre. Le mieux est de ne jamais parler avec eux, sauf en cas de force majeure, car ils ont le don de vous faire dire des choses dont vous ne connaissez même pas l'existence dans votre tête. En général, lorsque l'on est appelé par une Silhouette, c'est qu'il a dû se passer quelque chose de grave. Or, tu es nouvelle, donc je ne vois pas ce qui a bien pu se passer. Dans tous les cas, tu es obligée d'y aller.

            - L'Ombre a tué Joanna.

            - Je sais. C'était l'une de nos meilleures agents. J'oubliais : il faut que tu saches que si tu es appelée par une Silhouette, c'est que l'Ombre en personne a prononcé ton prénom, et c'est plutôt de mauvaise augure, s'il te connaît. Amy, je suis désolé de te dire tout ça, mais il faut que tu comprennes ce qu'il va t'arriver.

            - Ce qu'il va m'arriver ? Je ne pars pour boire une tasse de thé chaud avec mon meilleur ami ?ironisais-je, pas très confiante.

            - Amy!vociféra le directeur. Tu n'as pas le droit de plaisanter avec ça. Tu pourra quand même participer au Bal des Apprentis de demain soir. Après, dès l'aube, tu devras de rendre chez l'Ombre. Dans sa propre forteresse.

            - C'est horrible !couina Clara.

            Le directeur lui lança un regard noir et poursuivit, la voix chevrotante :

            - Il se peut que tu ne reviennes jamais parmi le monde des vivants, Amy.

            Clara et le directeur essuyèrent une larme en même temps, puis le directeur proposa :

            - Je vais peut-être cous accompagner jusqu'à la Salle des Préparations ?

            - Je veux bien, dis-je, pensive.

            Après avoir arpenté une demi-dizaine de couloirs, le directeur nous laissa devant une porte en bois et ajouta avec un faible sourire :

            - Bonne soirée.

            Clara, impatiente, ouvrit la porte et déboula dans la pièce, me laissant seule sur le seuil. La pièce était garnie de plusieurs mannequins possédant chacun un grand tabouret où un élève était assis. Certains élèves me dévisageaient avec compassion, comme s'ils avaient suivis les propos du directeur en direct, d'autres avec terreur et certains avec mépris. Une femme rousse, plutôt rondouillarde, s'avança vers moi et me demanda de m'asseoir. Comme la seule place libre se situait tout au fond, à côté d'une pile de cartons, je dus passer devant toute la classe et m'assit sur mon tabouret, qui, malencontreusement, tomba par terre. Toute le monde rigola et je même la professeur sourit légèrement. Rouge de honte et de colère contre moi-même, je me levai et m'assit, fixant un point invisible droit devant moi. La professeur commença à parler, toujours souriante :

            - Bien. Vous allez commencer par tourner le mannequin face à vous. Très bien. Ensuite, pensez très fort à la tenue que vous rêvez d'avoir pour une soirée. C'est bon ? Bien. Maintenant, faites un croquis de la tenue que vous venez d'imaginer.

            - Mais je ne sais pas dessiner !protesta une voix.

            - Moi non plus, en ajouta une autre.        

            - Dans ce cas, fermez les yeux et imaginer qu'ils sont ouverts et que vous décalquez. Ça devrait fonctionner. Pensez aux tissus et aux matériaux que vous voudriez, une robe en papier, ce n'est pas très beau.

            - Wow, ça fonctionne!confirma quelqu'un en exhibant son dessin.

            - Ouais, c'est vrai ! Et en plus, ça va super-vite!renchérit quelqu'un d'autre.

            - Les enfants, vous n'allez pas crier à chaque fois que je vous dis quelque chose, quand même ?

            Amy contempla son dessin avec émerveillement. La professeur surgit derrière elle :

            - Très joli, mademoiselle. Avez-vous trouver les tissus ?

            - Oui madame...euh..

            - Carrey. Madame Carrey. Alors, les tissus ?

            - J'avais pensé à de la soie ou du satin pour la robe et de la dentelle pour d'ici, dis-je en désignant la partie haute du dos.

            - C'est très bien. Et pour la ceinture, quelles pierres avez-vous choisi ?

            - Des diamants.

            - C'est une bonne idée, mais je pense pas que l'Académie serait en mesure d'en fournir. Pensez à quelque chose qui pourrait remplacer les diamants. Du plexiglas bien travaillée pourrait faire l'affaire, mademoiselle.

            - Mais ce n'est pas la même chose.

            - Très bien. Dans ce cas, commence la confection de ta robe et tu as jusqu'à demain après-midi au plus tard pour trouver des diamants.

            - Merci madame Carrey.

            Quand madame Carrey fut partie, je choisis des tissus parmi ceux qui m'étaient proposés dans les cartons. Malheureusement, la couleur de satin que je recherchais n'était pas en stock dans les cartons, et, entre un affreux orange, un vert pâle et de l’indigo, je choisis l'indigo. Après une bonne trentaine de minutes, ma robe était prête. Je n'arrivais pas à croire que c'était moi qui avait réalisé ça de mes propres mains. Le mannequin, qui était auparavant couvert d'une couche de cuir blanc était désormais vêtu d'une splendide robe à bretelles larges indigo. La ceinture que j'avais confectionnée n'étais pas très belle à cause de l'absence de diamants, mais une fois terminée, j'étais sûre que ma robe serait merveilleuse. Madame Carrey revint et contempla la robe, l’œil admiratif :

            - Félicitations, Amy. Ta robe est splendide. Tu veux qu'elle participe au concours ?

            - Quel concours?demandai-je.

            - Chaque année, nous organisons un concours entre les tenues crées par nos élèves de Première Année. Je suis sûre que tu arriveras parmi les premiers.

            - Si ce n'est que ça, pourquoi pas...

            - Très bien. Tu peux retourner dans ta chambre, je garde ta robe. À cause du concours, tu devras terminer ta robe dès demain matin, comme les tenues participantes sont présentées l'après-midi.

            - Pas de problème. À demain.

            - On se revoit au dîner, Amy, me rappela madame Carrey.

            - Oui, excusez-moi.

            En laissant ma robe, j'eus un petit pincement au cœur. J'aurais voulu la garder pour tester la taille des diamants dessus. J'avais déjà remarqué les tenues des autres qui étaient toutes plus jolies que la mienne. En sortant de la salle des préparations, je reconnus Clara accompagnée de son amie. Cette-dernière m'interpella :

            - Eh, Amy !

            - Oui ?

            - Apparemment, tu as été convoquée chez une Silhouette. C'est vrai ?

            - Oui, et je ne veux pas parler de ça. Laissez-moi tranquille, ajoutai-je en grimpant les escaliers deux à deux.

            - D'accord. Saches que tout le monde le sait, renchérit Clara.

            - Et c'est de ta faute, répliquai-je.

            « Je sens que je ne vais pas très bien m'entendre avec ces deux-là » pensai-je.

            Bizarrement, la porte de ma chambre était entrouverte. Je tournai la poignée, sur mes gardes. Une légère odeur d'encre flottait dans l'air. En entrant, je constatai que tout était en place, excepté le fait qu'une boîte noire reposait sur mon bureau. L'étiquette stipulait que l'expéditeur était...l'Ombre.

 



24/02/2016
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